mercredi 22 avril 2009

Mystique médiévale

Et voici une trouvaille d'une lectrice du blog : un détail du vitrail de l'apocalypse de St Etienne de Bourges, datant du 13ième siècle"La vierge couronnée présente ses seins gonflés de lait à deux hommes : le sein brun allaite l'homme blanc, le sein blanc allaite l'homme brun. Les bras en croix elle tient dans ses mains deux coffres identiques". Dans la revue Grand Reportage, d'où vient cette image, il est dit que l'on y découvre un spectaculaire symbolisme ésotérique... Ah bon ! Moi j'y vois d'abord de l'humour, de l'érotisme, un plaidoyer pour l'égalité... Cela me rappelle Frida Kahlo et aussi une allégorie médiévale sur la sagesse où celle ci nourrit les sages au sein. Qu'en pensez vous ?
En tout cas, merci Martine.

vendredi 17 avril 2009

Bas relief de Monsieur Cornu (fin du 17ième siècle)

Je continue de donner des extraits de description provenant de l'Académie Royale de Peinture car c'est très instructif sur les intentions des messieurs qui se sont acharnés à représenter cette légende. A vous d'imaginer l'oeuvre !
Extrait du discours sur un BAS-RELIEF DE LA CHARITÉ ROMAINE QUE M. CORNU a donné pour sa réception le 5 juillet 1681.
M. Cornu représente le vieillard assis au pied d'un des piliers de la prison, ayant un bras étendu jusqu'au sommet du pilier, et ce bras y est attaché par un anneau de fer. Ce malheureux prisonnier a les yeux enfoncés, le visage languissant et le corps atténué des rigueurs d'une faim dévorante. On voit dans ses yeux avec quelle impatience il attend sa fille qui lui présente la mamelle. Elle est à genoux sur une petite élévation de pierre, et se penche pour se mettre dans une situation commode pour le vieillard, qui est si foible qu'il ne peut se tenir debout. Sa fille, pour être moins embarrassée, a mis à terre l'enfant qu'elle nourrit, et on remarque aisément que, pour apporter plus de lait au vieillard, elle a laissé fort longtemps cet enfant sans téter, car ce petit nourrisson porte un de ses doigts à sa bouche et le suce avec avidité, comme il arrive à ses semblables quand ils attendent avec impatience la mamelle de leur nourrice. C'est là que paroît la pieuse économie de la fille qui, pour avoir moyen de secourir ces deux objets de son amitié, a épargné sur l'un de quoi nourrir l'autre; de sorte que le sculpteur nous fait voir ici que la prudence est jointe à la piété, pour relever d'avantage l'éclat de l'une et de l'autre vertu.

Un tableau de Boulogne père (17ième siècle)

Extrait d'un discours sur un tableau de La Charité Romaine peint par M. BOULOGNE LE PÈRE et offert à l'Académie Royale de Peinture au 17ième siècle
M. Boulogne fait paraître le vieillard qui a les bras liés derrière le dos pour figurer les rigueurs de sa détention. Son visage est maigre; mais malgré les incommodités de la vieillesse et les misères de la prison, il a les yeux pleins de feu et le sein encore animé pour montrer que les aliments qu'il prend renouvellent sa vigueur, ce qui relève la gloire et le mérite du secours qu'il tire de sa fille. Il s'attache avec avidité à sa mamelle. Une joie tendre et pieuse est répandue sur le visage de cette fille, et l'on voit particulièrement dans ses yeux le contentement qu'elle a de pouvoir remédier aux besoins de son père et de reconnaître ainsi le bienfait de la naissance. Mais le père semble avouer par sa joie qu'ici la reconnaissance surpasse le bienfait ; car, après tout, la fille n'a reçu la vie de son père qu'une seule fois, et elle la lui sauve plusieurs fois chaque jour. Elle tient sur un de ses bras l'enfant qu'elle nourrit, et marque en cet état l'étendue de sa charité ; car, également attachée par les liens du sang au père qui lui a donné le jour et à l'enfant qu'elle a mis au monde, elle remplit dignement ces deux devoirs en un même temps, et se croiroit barbare et impie si elle ne donnoit la plus pure partie de son sang aux pressantes nécessités de deux personnes qui lui sont si chères. Cependant, le peintre fait remarquer sensiblement le chagrin et le dépit de l'enfant, qui étant encore incapable des lumières de la raison, paraît très-mécontent de ce que sa mère donne à d'autres une partie du lait qui a toujours été réservé pour lui seul. Il en est si touché qu'on le voit prêt a pleurer. Ainsi M. Boulogne exprime les effets de l'instinct naturel sur le visage de l'enfant, les effets de la charité parfaite sur le visage de la fille, et les effets de la reconnoissance sur le visage du vieillard.
S'agit-il de ce tableau, que je viens de retrouver dans mes "réserves" et qui est attribué à un certain Boulogne Bon décédé en 1714 ?L'image n'est pas de très bonne qualité, certes... A vous d'imaginer le reste ou de retrouver le tableau effectivement décrit !
Ce Monsieur Boulogne père est peut-être aussi celui décédé en 1674 : Louis de Boullongne.
Vous estes priez d'assister au Convoy, Service et
Enterrement de deffunt Monsieur Boulogne {de Boul-
longne le père), Peintre ordinaire des Batimens du Roy
et Professeur en son Académie Royale, décédé en sa
maison, grande rue du faux bourg Saint Antoine, au-
dessus de l'abbaye; qui se fera le Jeudi, 14 jour de Juin
1674, à dix heures précises du matin, en l'église Sainte
Margueritte, subcurtiale de Saint Paul, sa Paroisse, où
il sera inhumé; auquel lieu les Dames s'y trouveront
s'il leur plait.

Un court métrage de 2008

Il s'appelle, donc, la Charité Romaine et est visible sur le site de son auteur, Cheyenne Carron. Celle ci dit l'avoir conçu après une visite au Louvre où elle a croisé le tableau de Greuze. A mon goût, même si le film est un peu bavard, les lumières et la photo sont belles et c'est une interprétation originale qui fait aussi référence à Chateaubriand, me semble-t-il...http://www.cheyennecarron.com/film3.html

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