samedi 22 mars 2008

Trois gouttes de lait, amour et magie

Voici une version de cette légende racontée par Henri Gougaud dans La Bible du Hibou. Je vous la résume :
Quartier St Michel à Paris, un Napolitain tombe amoureux d’une belle cordonnière. Mais la cordonnière est mariée et vertueuse.
Le Napolitain va voir un sorcier du voisinage
qui lui dit, je cite Henri Gougaud : « Si tu veux rendre une femme amoureuse, sache que tu dois d’abord obtenir d’elle trois gouttes de lait de son sein. Après quoi tu les boiras en récitant telle invocation que je vais t’apprendre. Alors, foi de docteur, la demoiselle te courra aux trousses et ne te quittera plus, où que tu la conduises »
Le Napolitain envoie un gamin acheter, pour dix écus, son lait à la cordonnière. Elle commence par refuser
mais son mari lui conseille de donner le lait de la chèvre à la place.
Le Napolitain boit le lait, récite les formules magiques et chez la cordonnière la chèvre commence à s’agiter, puis s’échappe, fonce jusqu’à la maison du Napolitain, le renverse, lui lèche la barbe... Pour le délivrer il a fallu tuer la chèvre.

Henri Gougaud citant ses sources c'est-à-dire Pierre de L’Estoile (1546-1611), j’ai trouvé sur internet dans le Mémoire de Pierre de l’Estoile, une version plus ancienne que voici :
« En ce mesme mois et an, à sçavoir le 20 decembre, advinst qu'un Neapolitain, amoureux desesperement d'une cordonniere
demeurante au bout du pont Saint-Michel à Paris, qu'on nommoit la belle Cordonniere, lui envoia demander trois gouttes de son laict, pour ce qu'elle estoit nourisse, pour un mail d'œil qu'il disoit avoir ; lui envoiant quant et quant dix escus, qu'elle prist trés bien par la permission de son mari, lequel aiant une chevre s'avisa d'en faire tirer du laict, dont il en envoia trois gouttes au Neapolitain, lui faisant entendre que c'estoit du laict de sa femme. Lui, tout joyeux, pensant accomplir son mistere (qui estoit de rendre la cordonniere si amoureuse de lui qu'elle courroit aprés et le viendroit chercher, quelque part qu'il fust), rendist, avec ses chermes qu'il fist sur les trois gouttes de laict qu'on lui avoit envoié, cette chevre si amoureuse, que commençant à sauter et tempester, s'eschapa enfin du logis de son maistre ; et trouvant cet Hespagnol au corps de garde des Neapolitains, lui sauta incontinent au col, le baisa, et lui fist mille caresses. La fin de ceste farce fust la mort de la pauvre chevre, la fuite du Neapolitain, qu'on vouloit faire brusler ; et dix escus qui demeurerent pour gage au pauvre cordonnier, qui en avoit bien affaire. »

La sagesse nourrit les sages au sein

Voici ce que j'ai trouvé dans l'Encyclopédie des Symboles. Edition Française sous la direction de Michel Cazenave.
C'est une miniature du XVième siècle.

mardi 18 mars 2008

Las Casas

Extrait du roman de Jean François Marmontel, « Les Incas ou la destruction de l’empire du Pérou », écrit en 1777 .

«... Barthelemi achevoit à peine, lorsque le jeune Davila revint, suivi du Cacique, qu'une Indienne accompagnoit. Henri, (c'étoit le nom de ce Héros Sauvage) se précipite avec transport sur le lit de Las-Casas, & lui baisant mille fois les mains avec un attendrissement inexprimable: "0 mon père, dit· il, mon pere! je te revois. Qu'il me tardoit! Mais je te revois souffrant; & ta main brûle sous mes levres! Mes freres, tes enfans, allarmés de ton mal, sont venus affliger mon ame. Je n'ai pu résister à l'impatience de te voir. Si j'étois pris, je sais ce qui m'attend; mais j'ai voulu m'y exposer pour venir embrasser mon pere. Ecoute, ajouta le Sauvage, en soulevant sa tête, ils disent
que tu es attaqué d'une maladie à laquelle le lait de femme est salutaire. Je t'amene ici ma compagne. Elle a perdu son enfant; elle a pleuré sur lui; elle a baigné du lait de ses mamelles la poussiere qui le couvre; il ne lui demande plus rien. La voilà. Viens, ma femme, & présente à mon pere ces deux sources de la santé. Je donnerois pour lui ma vie; & si tu prolonges la sienne; je chérirai jusqu'au dernier soupir le sein gui l'aura allaité". Barthelemi, les yeux attachés sur Pizarre, jouissoit de l'impression que faisoit sur le coeur du Castillan la bonté du Cacique; le jeune Davila, présent, versoit de douces larmes; & l'Indienne, d'une beauté céleste, & d'une modestie encore plus ravissante, regardant Las-Casas d'un oeil respectueux & tendre, n'attendoit qu'un mot de sa bouche pour y porter son chaste sein. Las-Casas, pénétré jusqu'au fond de l'ame, voulut refuser ce secours. "Ah, cruel! s'écria le Cacique, dis·nous donc, si tu veux mourir, quel est l'ami que tu nous laisses. Tu le sais, nous n'avons que toi pour consolation, pour espoir. Si tu nous aimes, si tu nous plains, & si je te suis cher moi-même, accorde-moi ce que je viens te demander, au péril de ma tête, au milieu de mes ennemis. Viens, ma femme, embrasse mon pere; & que ton sein force sa bouche à y puiser la vie". En achevant ces mots, il prend sa femme dans ses bras, & l'ayant fait pencher sur le lit de Las-Casas: "Adieu, mon pere, lui dit- il. Je laisse auprès de toi la moitié de moi-même; & je ne veux la revoir que lorsqu'elle t'aura rendu à la vie & à notre amour". Cette jeune & belle Indienne, à genoux devant Las-Casas, lui dit à son tour: "Que crains-tu, homme de paix & de douceur? Ne suis-je pas ta fille? n'es-tu pas notre pere? Mon bien-aimé me l'a tant dit! Il donneroit pour toi son sang. Moi, je t'offre mon lait. Daigne puiser la vie dans ce sein que tu as fait tressaillir tant de fois, lorsqu'on me racontoit les prodiges de ta bonté". Trop attendri pour rejeter une priere si touchante, trop vertueux pour rougir d'y céder, le Solitaire, avec la même innocence que le bienfait lui étoit offert, le reçut; il permit à la jeune Indienne de ne plus s'éloigner de lui; & ce fut à la piété de Henri & de sa compagne, que la terre dut le bonheur de posséder encore long-temps cet homme juste..."

Musée virtuel de l'allaitement

Le Le Musée Virtuel de l’Allaitement, la Thélasmothèque, existe, je l’ai trouvé :
www.telasmos.org/frances
39 reproductions de tableaux ou d’illustrations sont référencées lorsque l'on recherche « allaitement adultes » dont :
· Deux (un petit sujet en terre cuite pour orner les bonzaïs et une estampe) concernant la piété filiale en Chine : la jeune femme allaite sa belle-mère. Un classique du Confucianisme, disent-ils…
· Un timbre Roumain pour vanter l’assistance sociale,
· Les « lactatio » de St Bernard de Clairvaux éparpillées un peu partout en Espagne et même à Dijon…
· Bill et Monica
· Une carte postale d’une sculpture de Alfred Boucher à Nogent sur Seine (début du XXième siècle)... Est-elle encore visible à Nogent ?
· Des illustrations d’un roman sur Las Casas de 1777.

St Bernard de Clairvaux 1090-1153


Tableau du peintre Cano (1650) visible au Musée du Prado à Madrid.
"... Le sein généreux de la vierge se trouve illustré dans l'épisode du miracle de la lactation de St Bernard de Clervaux
, qui eut lieu à Châtillon sur Seine... St Bernard était en prière devant une statue de la Vierge et quand il prononça " Monstra te esse matrem ", la statue devint vivante et la Vierge lança du lait dans la sainte bouche".
C'est une citation de la page internet jubilatoire dont nous conseillons la visite :
http://www.jcbourdais.net/journal/15mai06.php
Sur le site du Musée Virtuel de l'allaitement, on peut trouver plusieurs reproductions de tableaux, gravures etc représentant cette scène dont les originaux peuvent se voir à Madrid (Musée du Prado), Valence, Mallorca, St Jacques de Compostelle, dans la province de Guadalajara et à... Dijon !
Il est à noter que pressant son sein d'une main elle tient son fils sur l'autre bras. Il paraitrait qu'il y ait d'autres "cas" d'allaitement par la Vierge d'adultes, soit pour les récompenser, soit pour les guérir. De cette façon ils deviennent ses fils et les frères du Christ...
En Belgique, dans l'église paroissiale de Marche les Dames, près de Namur, il y a aussi un tableau qui représente la scène : le petit Jésus (déjà grand) regarde ailleurs, on ne voit pas le lait et elle semble se presser le sein à travers son vêtement... La reproduction est mauvaise, il faudrait aller voir sur place... Les auteurs du site sur cette église disent que St Bernard avait, aussi, soif d'avoir trop chanté... e qui n'est pas sans rappeler Saint Fulbert de Chartres.

dimanche 16 mars 2008

Chateaubriand

"Chateaubriand s'inspirant d'une coutume indienne, mentionne dans les Natchez cet usage d'épancher le lait maternel sur la sépulture d'un enfant mort : " La mère qui avait couché l'enfant sous l'herbe au bord du chemin, vint à minuit apporter des dons nouveaux et humecter de son lait le gazon de la tombe. "
Extraits de Le sein dévoilé du Docteur Gros, éditions Stock- Laurence Pernoud

Le Mammerlokker de Gand


Le fronton de l'ancienne prison communale de Gand, en Belgique, est orné d'une sculpture dénommée le Mammeloker ce qui signifie le " suçoteur de sein " ; elle représente un vieillard allaité par une jeune fille et la tradition locale relate une histoire comparable à celle de Cimon et Péra.

Le Roi David

" 1 Et le roi David était vieux, avancé en âge ; et on le couvrait de vêtements et il ne se réchauffait pas.
2 Et ses serviteurs lui dirent : Que l'on cherche pour mon seigneur le roi une jeune fille vierge ; qu'elle se tienne devant le roi et le soigne, et qu'elle dorme dans ton sein, et mon seigneur le roi se réchauffera.
3 Et on chercha dans tout le pays d'Israël une jeune fille qui fût belle, et on trouva Abisag, la Sunamite, et on l'amena au roi.
4 Et cette jeune fille était fort belle, et elle soigna le roi et le servit; mais le roi ne la connut point."
La Bible, Livre des Rois

Pas de trace de sein féminin, là dedans ? Pas sûr...

"Certes depuis le roi David et la belle Abisag, chacun sait que la vue et le contact d'un joli sein, en dehors du lait qu'il procure, ne peuvent être que favorables à la régénération d'une vieillesse décrépite ou d'adultes asthéniques ; Dans les ouvrages anciens qui traitent de l'allaitement des adultes, il est souvent fait mention d'un certain jeune homme très affaibli, qui fut retiré de cet état en passant ses jours et ses nuits auprès d'une nourrice de vingt ans. L'effet du remède fut si prompt que bientôt on eut à craindre de voir le convalescent perdre de nouveau ses forces avec la personne qui les lui avait rendues. L'anecdote avait surtout valeur d'avertissement."
Extraits de Le sein dévoilé du Docteur Gros, éditions Stock- Laurence Pernoud

Prescription Médicale

"L'allaitement des adultes symbolise le mythe de l'éternelle jeunesse puisée dans le corps de la femme. Sucer le lait féminin, c'est s'approprier le substantifique moelle et ses éléments mystérieux qui, à eux seuls, peuvent prolonger la vie.
L'allaitement des vieillards ou des adultes affaiblis a été jusqu'au 18e siècle, une prescription médicale qui n'était i rare ni réprouvée. Dans son Essai sur le lait, paru en 1786, le docteur Petit-Radel signale comme seul inconvénient à cette pratique la nécessité de disposer de plusieurs nourrices ; chose surprenante pour nos esprits, il mentionne l'usage du beurre fait à partir de lait de femme et vendu pour les phtisiques par les apothicaires de l'époque. Voici cinquante ans à peine, en Chine, les seigneurs féodaux achetaient couramment du lait de femme pour leur propre usage. Dans ce même pays, on enseignait à titre éducatif l'histoire de cette femme qui allaitait sa belle-mère vieille, édentée, incapable de manger un grain de riz et qui préserva ainsi pendant des années sa vie et sa santé. Au début de ce siècle fut souvent illustrée l'histoire de la cantinière charitable qui allaitait de son sein les soldats blessés ou affaiblis. Un compagnon de Christophe Colomb, Las Casas, gravement malade, dut la vie au lait d'une Indienne. Le duc d'Albe, vieux et mal en point, avait deux nourrices dont il suçait le lait matin et soir."
...
"
Dans toutes ces histoires, chacun pressent que la vie et la force ne sont pas seulement transmises par le breuvage féminin. Le lait devient la panacée de l'homme affaibli, des femmes âgées ou du vieillard cacochyme, à condition d'être donné à même le sein, ainsi que le conseillaient toujours les anciens médecins qui prescrivaient un tel remède."

Extraits de Le sein dévoilé du Docteur Gros, éditions Stock- Laurence Pernoud

samedi 15 mars 2008

Piété filiale, Charité Romaine

Extraits de Le sein dévoilé du Docteur Gros, éditions Stock- Laurence Pernoud

La vie en société enseigne que l'enfant ne doit pas prolonger sa relation au sein, car la frontière devient vite floue entre nutrition et érotisme. Dans la même perspective, l'homme adulte ne doit pas sucer le lait à sa source. Pourtant, l'histoire, l'art et l'ethnologie montrent que les seins gorgés de lait ne sont pas toujours le privilège exclusif des nourrissons. Mais seules les nécessités de la physiologie, parées de la noblesse des intentions, peuvent justifier l'allaitement des adultes.
Ainsi est née la légende antique de *Cimon et Péra, rapportée par Pline l'Ancien et qui se retrouve sous des formes variables, dans de nombreuses civilisations.
Un vieil homme, Cimon, avait été condamné à mourir de faim dans sa prison. Le geôlier par compassion, laissa pénétrer la fille de celui-ci, Péra.
S'étonnant qu'après quelques jours le vieillard soit encore en vie, il s'aperçut lors que s fille le nourrissait de son lait. La nouvelle de cet acte surprenant parvint aux juges qui, devant cet acte de dévouement et d'amour filial, accordèrent la grâce au vieil homme. D'après Pline, l'endroit de la prison, on construisit un temple consacré à l'amour filial, devant lequel on éleva une colonne qui fut nommée la " colonne du lait ", et au bas de laquelle on exposa par la suite les enfants trouvés. Ce lieu devint le " marché aux nourrices ".

La légende inspira de nombreux peintres du 17e siècle européen. Les tableaux étaient désignés du nom de Charité Romaine ou Piété Filiale. Donner le sein à son père exprime la miséricorde et le dévouement ; c'est une victoire sur soi-même et sur la transgression de la loi qui interdit tout contact charnel entre un père et sa propre fille . La transgression est sanctifiée par l'amour et prend appui sur le texte de Saint Matthieu : " Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire ". Cette légende fut abondamment représentée. Plus de 200 œuvre sont actuellement répertoriées, signées par Rubens, Le Brun, Vouet, Caravage et tant d'autres.

L'histoire de Cimon et Péra tint lieu d'allégorie de la charité agissante.
Le thème s'intégrait dans la réalité historique, sociale et religieuse de l'époque. Le 17e siècle a en effet engendré la vogue des activités de bienfaisance. Les institutions caritatives se sont multipliées ; de riches particuliers encouragés par le clergé et Saint Vincent de Paul se consacrèrent l'assistance des pauvres. La doctrine de la charité fut affirmée avec force par un catholicisme redevenu conquérant et répondant à l'enseignement des protestants, qui déniaient aux bonnes œuvres la capacité de participer au salut de l'homme. Dans une telle idéologie, donner son sein devenait le symbole de la charité et du don fait à autrui, aux pauvres et aux affamés.


Précédents Romains, Valère Maxime


Première surprise : le récit que l'on nous a indiqué comme référence, du moins le plus détaillé, parle d'une fille qui allaite .... sa mère et non son père...

VALÈRE MAXIME , ACTIONS ET PAROLES MÉMORABLES, Livre V
( Vers 30 apr. J.-C. )
(P. Constant, Valère Maxime, Actions et paroles mémorables, Paris, 1935 ).
http://webu2.upmf-grenoble.fr/Haiti/Cours/Ak/Francogallica/Valere5_fran.htm

Extraits :
7. – Pardonnez, foyers antiques ; feux éternels, ne vous offensez pas si le fil de mon ouvrage me conduit de votre sanctuaire auguste dans un lieu lugubre, mais nécessaire. La fortune n'a point de rigueurs, point d'avilissement qui dégrade un tendre amour filial ; et même l'épreuve est d'autant plus sûre que la conjoncture est plus cruelle. Une femme d'une condition libre, convaincue d'un crime capital au tribunal du préteur, fut renvoyée par celui-ci au triumvir, pour être mise à mort dans la prison. Le geôlier, touché de compassion, n'exécuta pas aussitôt l'ordre qu'il avait reçu ; il permit même à la fille de cette femme l'entrée de la prison, après l'avoir soigneusement fouillée, de peur qu'elle n'apportât quelque nourriture : il se persuadait que l'infortunée ne tarderait pas à expirer de besoin. Voyant que plusieurs jours s'étaient déjà écoules, il cherchait en lui-même ce qui pouvait soutenir si longtemps cette femme. A force d’observer la fille, il la surprit, le sein découvert, allaitant sa mère, et lui adoucissant ainsi les horreurs de la faim. La nouvelle d'un fait si surprenant, si admirable, parvint du geôlier au triumvir, du triumvir au préteur, du préteur au conseil des juges, qui fit grâce à la mère en considération de la fille. Où ne pénètre point la piété filiale ? Combien n'est pas ingénieux un amour qui trouve un expédient si nouveau pour sauver la vie à une mère dans la prison même ! Est-il rien de si rare, de si extraordinaire, que de voir une mère alimentée du lait de sa fille ? Cette action paraîtrait contraire à la nature, si la première loi de la nature n'était pas d'aimer les auteurs de nos jours.

1. – Nous devons les mêmes éloges à Péro. Également pénétrée d'amour pour Cimon son père, qui était fort âgé et qu'un destin semblable avait pareillement jeté dans un cachot, elle le nourrit en lui présentant son sein comme à un enfant. Les yeux s'arrêtent et demeurent immobiles de ravissement à la vue de cette action représentée dans un tableau ; l'admiration du spectacle dont ils sont frappés, renouvelle, ranime une scène antique : dans ces figures muettes et insensibles, ils croient voir des corps agir et respirer. Les lettres feront nécessairement sur l'esprit la même impression : leur peinture est encore plus efficace pour rappeler à la mémoire, pour retracer comme nouveaux les événements anciens.

2. – Je n'oublierai pas non plus, illustre Cimon, ta tendresse, pour ton père, toi qui n'hésitas pas à lui acheter la sépulture au prix d'un emprisonnement volontaire. A quelque grandeur que tu sois parvenu depuis, et comme citoyen et comme général, tu t'es fait plus d'honneur encore dans la prison que dans les dignités. Car les autres vertus ne méritent que beaucoup d'admiration ; la piété filiale mérite, de plus, tout notre amour. (Av. J.-C. 490.)

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